Yves Brayer fit partie des peintres qui, entre les deux guerres mondiales, éprouvèrent la nécessité de s'attacher à la réalité qui les entourait. Ceux-ci rejetant, sans pour autant les ignorer, les mouvements picturaux de la fin du 19ème et du début du 20ème siècles, se voulaient davantage les disciples de Vuillard et de Bonnard, tel le groupe de la Réalité Poétique, ou admirateurs de Courbet, tel le mouvement Forces Nouvelles. Si Brayer resta toujours indépendant, il comptait parmi ses amis Francis Gruber qui fut à l'origine du Nouveau Réalisme français des années 1950, et dont Bernard Buffet allait être le brillant exemple. Yves Brayer est né à Versailles en 1907, mais la plus grande partie de son enfance se déroule à Bourges. A son arrivée à Paris en 1924, il prend le chemin des académies de Montparnasse, puis celui de l'Ecole des Beaux-Arts. Très jeune, il témoigne de sa personnalité et, des aînés comme Jean-Louis Forain, l'encouragent. Encore étudiant, il expose au Salon d'Automne et au Salon des Indépendants. En 1927 une bourse de voyage de l'Etat lui permet de partir en Espagne où la rencontre avec les maîtres du musée du Prado aura une influence décisive sur son œuvre future. Après un séjour au Maroc grâce à un prix créé par le Maréchal Lyautey, il décroche le Grand Prix de Rome en 1930. Tout d'abord il regrette l'Espagne, puis il se laisse emporter par la richesse de la vie italienne des années trente. A son retour à Paris en 1934, il réunit sa moisson en une grande exposition à la Galerie Charpentier, faubourg Saint-Honoré, où le public découvre l'authenticité de ce peintre de vingt-sept ans au tempérament puissant et original. Paris demeure son port d'attache, et, après avoir vécu dans le quartier du Panthéon, il s'installe, dès 1935, rue Monsieur le Prince, dans le sixième arrondissement. A diverses périodes, il peint dans Paris, alors même qu'il est étudiant, dans les années 1926 à 1929. Démobilisé à Montauban, il s'installe à Cordes sur Ciel dans le Tarn en 1940. Un musée lui sera consacré dans la plus belle salle de la mairie dès 1960. En 1942, il regagne la capitale où Jacques Rouché le charge d'imaginer ses premières maquettes de décors et costumes pour un ballet à l'Opéra de Paris. Il y demeure durant l'occupation et peint la ville enneigée, puis la ville libérée. L'année 1945 marque une nouvelle étape dans son œuvre. En Provence, il réalise qu'il existe d'autres harmonies que celles des architectures créées par l'homme, celles de la nature pure et sauvage et il est bientôt fasciné par la diversité des Alpilles et leurs plissements calcaires, puis par les étendues de la Camargue peuplées de chevaux blancs et de taureaux noirs. Il se fixe bientôt en Provence plusieurs mois chaque année. Après sa période noire espagnole, puis ocre et rouge italienne, il diversifie sa palette en introduisant des verts, des jaunes pâles et quelques bleus. Fortement attiré par les paysages méditerranéens, il retourne travailler en Espagne et en Italie, mais la Provence et la Camargue resteront ses lieux de prédilection jusqu'à la fin de sa vie. Il entreprend divers voyages au Mexique, en Egypte, en Iran, en Grèce, en Russie, aux Etats-Unis et au Japon. S'emparant vite de la lumière et des rythmes de ces pays, il en rapporte de nombreux dessins et aquarelles. Son goût pour le graphisme l'entraîne tout naturellement à pratiquer la technique de la gravure sur cuivre et de la lithographie; ainsi il réalise de nombreuses estampes et illustre des livres à tirage limité avec des textes de Blaise Cendrars, Henry de Montherlant, Baudelaire, Paul Claudel, Jean Giono, Frédéric Mistral, etc... Yves Brayer est aussi l'auteur de décorations murales, de cartons de tapisseries, de maquettes de décors et de costumes pour le Théâtre-Français, et les Opéras de Paris, Amsterdam, Nice, Lyon, Toulouse, Bordeaux ou Avignon. Ses expositions particulières ont rendu ses œuvres familières dans de nombreux pays : à Paris tout d'abord, puis en France, en Europe et aux Etats-Unis. La bibliothèque Nationale présente en 1977 "Yves Brayer, Graveur" pour son soixante-dixième anniversaire, et le Musée Postal lui consacre une exposition de ses œuvres lors de la parution du timbre qui lui est demandé en 1978. Enfin le MUSEE YVES BRAYER est inauguré en Septembre 1991 aux Baux de Provence. Il est présent dans divers musées et dans de nombreuses collections tant en France qu'à l'étranger. Il fut professeur à l'académie de la Grande Chaumière pendant cinquante ans, Président du Salon d'Automne pendant cinq ans et, au titre de membre de l'Académie des Beaux-Arts, conservateur du Musée Marmottan à Paris pendant plus de onze ans.
Yves Brayer was one of the painters who, between the two world wars, felt the need to focus on the reality that surrounded them. They rejected, without ignoring them, the pictorial movements of the late 19th and early 20th centuries, and saw themselves more as disciples of Vuillard and Bonnard, such as the group of Poetic Reality, or admirers of Courbet, such as the Forces Nouvelles movement. Although Brayer always remained independent, his friends included Francis Gruber, who was at the origin of the French New Realism of the 1950s, and of which Bernard Buffet would be the shining example. Yves Brayer was born in Versailles in 1907, but spent most of his childhood in Bourges. When he arrived in Paris in 1924, he took the path of the academies of Montparnasse, then that of the Ecole des Beaux-Arts. At a very young age, he demonstrated his personality and was encouraged by elders such as Jean-Louis Forain. While still a student, he exhibited at the Salon d'Automne and the Salon des Indépendants. In 1927, a government travel grant allowed him to go to Spain, where his encounter with the masters of the Prado Museum would have a decisive influence on his future work. After a stay in Morocco thanks to a prize created by Marshal Lyautey, he won the Grand Prix de Rome in 1930. At first, he missed Spain, then he let himself be carried away by the richness of Italian life in the 1930s. On his return to Paris in 1934, he gathered his harvest in a major exhibition at the Galerie Charpentier, Faubourg Saint-Honoré, where the public discovered the authenticity of this twenty-seven-year-old painter with a powerful and original temperament. Paris remained his home port, and after living in the Panthéon district, he settled in 1935 on rue Monsieur le Prince, in the sixth arrondissement. At various times, he painted in Paris, even while he was a student, from 1926 to 1929. Demobilized in Montauban, he settled in Cordes sur Ciel in the Tarn in 1940. A museum was dedicated to him in the most beautiful room of the town hall in 1960. In 1942, he returned to the capital where Jacques Rouché commissioned him to imagine his first models of sets and costumes for a ballet at the Paris Opera. He remained there during the occupation and painted the snow-covered city, then the liberated city. The year 1945 marked a new stage in his work. In Provence, he realized that there were other harmonies than those of man-made architectures, those of pure and wild nature and he was soon fascinated by the diversity of the Alpilles and their limestone folds, then by the expanses of the Camargue populated with white horses and black bulls. He soon settled in Provence for several months each year. After his Spanish black period, then his Italian ochre and red, he diversified his palette by introducing greens, pale yellows and some blues. Strongly attracted by Mediterranean landscapes, he returned to work in Spain and Italy, but Provence and the Camargue would remain his favorite places until the end of his life. He undertook various trips to Mexico, Egypt, Iran, Greece, Russia, the United States and Japan. Quickly seizing the light and rhythms of these countries, he brought back many drawings and watercolors. His taste for graphics naturally led him to practice the technique of copperplate engraving and lithography; thus he produced numerous prints and illustrated limited edition books with texts by Blaise Cendrars, Henry de Montherlant, Baudelaire, Paul Claudel, Jean Giono, Frédéric Mistral, etc. Yves Brayer is also the author of wall decorations, tapestry cartoons, models of sets and costumes for the Théatre-Français, and the Operas of Paris, Amsterdam, Nice, Lyon, Toulouse, Bordeaux and Avignon. His private exhibitions have made his works familiar in many countries: first in Paris, then in France, Europe and the United States. In 1977, the National Library presented "Yves Brayer, Engraver" for his seventieth birthday, and the Postal Museum dedicated an exhibition of his works to him when the stamp requested in 1978 was issued. Finally, the YVES BRAYER MUSEUM was inaugurated in September 1991 in Les Baux de Provence. He is present in various museums and in many collections both in France and abroad. He was a professor at the Académie de la Grande Chaumière for fifty years, President of the Salon d'Automne for five years and, as a member of the Académie des Beaux-Arts, curator of the Musée Marmottan in Paris for more than eleven years.